Lorsqu’ils découvrent la musique de Thelonius Monk dans les années cinquante, Steve Lacy et Roswell Rudd savent probablement déjà que cette passion ne les quittera plus jamais. ils ont bien sûr l’un et l’autre expérimenté les chemins divers du Dixieland, de l’avant-garde new-yorkaise (aux côtés de Cecil Taylor) ou du free-Jazz, mais reviennent le plus souvent possible à cette exploration minutieuse et respectueuse du répertoire du Maître.
Musicien aux multiples facettes, Steve Lacy porte en lui ce legs précieux, ce sens unique de la “note nécessaire” et de la ligne mélodique épurée et claire, évitant détails superflus et discours inféconds. Le mariage réussi du saxophone soprano, chaud et lisse, dont il est l’éminent spécialiste, et du trombone rugueux et sismique de Roswell Rudd, repose sur la rythmique sans faille de leurs fidèles complices, le contrebassiste Jean-Jacques Avenel et le batteur John Betsch. Ce quartet rend sans doute, malgré l’absence de piano (une gageure!), un des plus beaux hommages à Thelonius Monk, lumineux
et intemporel.