On ne change pas les bonnes habitudes : comme tous les ans, le mardi est la grande soirée blues sous les pommiers : pour cette édition 2017, le trio Kennedy/Milteau/Ségal et Lurrie Bell se succèdent salle Marcel Hélie, suivis au Magic Mirrors de Jack Broadbent.
Première partie acoustique avec la présence peu courante du violoncelle dans le blues : il est vrai que Vincent Ségal est de toutes les aventures, et il sait ici parfaitement intégrer son instrument au blues chaleureux et intimiste proposé par ses compagnons, alternant rôle mélodique et accompagnement au gré des morceaux. Les sonorités se mêlent avec bonheur : le jeu de guitare feutré, un peu “sec” et sans résonnance du chanteur canadien, les notes longues de l’harmonica de Milteau et les cordes du violoncelle, que ce soit en pizzicati, frottée ou jouées à l’archet.
Passage à l’électrique et au Chicago blues en deuxième partie de soirée, avec Lurrie Bell. Sur un accompagnement sans failles de la basse, de la batterie et des claviers, tout repose ici sur l’énergie et la force d’interprétation du leader. Son style à la guitare est très particulier, tout en force, nerveux et dynamique, joué sans médiator, uniquement au pouce et à l’index. On retrouve ce soir au répertoire de nombreux titres de ses derniers albums, Blues in my Soul et Can’t Shake This Feeling, ce dernier ayant d’ailleurs été nominé pour un Grammy Award du meilleur album blues traditionnel. Un concert généreux qui laisse deviner les failles et les blessures d’une vie… Le blues, quoi !
Pour finir cette soirée blues, rendez-vous au Magic Mirrors où l’on retrouve Jack Broadbent. Certains se rappellent sûrement d’une vidéo sur le web où on le voyait sur un pont à Amsterdam jouer On the Road Again en slide, avec une flasque en guise de bottleneck. Deux ans plus tard, il tourne dans de nombreux festivals, en Europe, au Canada ou aux USA. Influencée aussi bien Par John Lee Hooker que par Robert Johnson, Jimi Hendrix ou encore Crosby Stills, Nash and Young, sa musique est avant tout profondément ancrée dans le blues, teinté parfois de folk. Il a su ce soir embarquer le public de Coutances avec lui.
Texte et photos : © Stéphane Barthod