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Chroniques

Thomas de Pourquery : l’émotion des retrouvailles

C’est décidément la journée des Résidents ! Après Fidel Fourneyron en solo à la Chapelle des Unelles et le trio de Louis Winsberg au théâtre, le public coutançais retrouve avec une joie non dissimulée Thomas de Pourquery et son Supersonic… et de toute évidence, c’est réciproque !

Thomas de Pourquery, comme d’autres résidents passés à Jazz sous les pommiers, c’est bien sûr un bonheur musical, mais c’est aussi une histoire d’amitié, et les retrouvailles sont toujours émouvantes. Onze ans ! Onze ans déjà que le Supersonic est né : on se souvient de ce concert, un dimanche sur l’esplanade des Unelles, qui marquait les débuts de la formation, avec sur les derniers titres un chœur composé d’élèves de l’atelier jazz du collège de Saint Hilaire du Harcouët. On retrouvait les musiciens en 2014 avec en invité le saxophoniste David Murray. Ils nous reviennent aujourd’hui, la tête dans les étoiles, avec le répertoire de leur dernier album Back to the Moon.

Sur un tapis de synthés, Fabrice Martinez pose un long solo au bugle, à la fois planant et intense, lorsque finalement, au piano, les premiers accords de l’euphorisant Yes Yes Yes Yes sont lancés, marquant le démarrage d’un concert qui nous entraînera de bout en bout dans un flot d’énergie pure. D’ailleurs, le titre suivant, Back to the Moon, puissant, vous prend aux tripes et ne vous lâche pas, dans un climat au départ oppressant, qui prend ensuite des allures d’hymne pour se terminer dans l’apaisement, avec un chant ample, repris par le public. Lullaby Sunrise, duo de saxophone, offre une douce transition avant Wolf Smile, entre marche sur roulement de caisse claire et swing, évoquant en filigrane des échos de Cotton Club, dans une écriture qui n’aurait pas déplu à Duke Ellington. Plus lent, obsédant, Bring Me Back the Day aurait pu être chanté par Jeff Buckley. Suivent Joy, un thème lumineux évoquant les grands espaces, et le très pop et souriant I Gotta dream, sur lequel Thomas de Pourquery invite le public à se lever pour se lancer dans une surréaliste danse des bras… Avec des thèmes mêlant de manière parfois improbable des climats varié, le saxophoniste est un maître de l’oxymore musical : force douce ou furie bienveillante ne lui font pas peur.

Pour le rappel, Frederick Galiay nous gratifie un long et beau solo à la basse, qui s’achève sur une reprise de Ne me quitte pas. Il est rejoint ensuite par tout le groupe pour nous offrir le traditionnel, incontournable et superbe Love in Outer Space de Sun Ra : pour Thomas de Pourquery, la plus belle chanson d’amour jamais écrite, et bien sûr, le plus beau cadeau à offrir au public à la fin de chaque concert. Un magnifique concert de bonheur et d’amour partagé.

Texte et photos : Stéphane Barthod

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